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Fouad Souak
Tout ça se passe encore à Rennes ? Vous n'êtes pas encore devenues la multinationale ?
Nolwenn Febvre
Non, on est encore chez nous là. Oui, c'est l'étude qu'on a réalisée sur l'anxiété des enfants que j'ai présentée au congrès d'anesthésie à Paris, à la SFAR.
Fouad Souak
C'est quoi ? C'est la Société Française- ?
Nolwenn Febvre
C'est la Société Française anesthésie, réanimation. C'est la Mecque pour nous d'aller tous les ans à la SFAR. Et en fait, à ma grande surprise, les questions dans la salle, ça a été « Moi, je suis à Nantes, comment on fait pour avoir ce jeu ? Moi, je suis à Lyon, comment on fait pour avoir ce jeu ?
Fouad Souak
Parce que tout le monde était convaincu par les effets.
Nolwenn Febvre
Voilà c’est ça. On venait de démontrer que c'était mieux que des médicaments. Et là, moi, j'ai dit « C'est vrai. Et puis on ne peut pas garder ça que pour les enfants de Rennes. Il faut le donner à tous les enfants.
Fouad Souak
Parce qu'encore une fois, il y a une démarche médicale. Il y a un résultat médical. Ce n'est pas ça quand même. Simplement, on va distraire un peu l'enfant pour qu'il arrête de nous embêter quoi et qu’il arrête de pleurer
Nolwenn Febvre
Voilà. Non, non. Et puis, c'est vraiment ça. Exactement. Et puis, il y a des techniques hypnotiques qui sont mises dedans. C'est vraiment un serious game. Voilà, j'ai appris plein de mots, moi, mais notamment celui- là, c'est un jeu sérieux et vraiment qui utilise des techniques hypnotiques.
Fouad Souak
Des visites thérapeutiques
Nolwenn Febvre
Voilà. Donc, c'est vraiment...
Fouad Souak
Donc, les autres hôpitaux de France et de Navarre étaient intéressés ?
Nolwenn Febvre
Voilà.
Fouad Souak
Donc, ils t'ont sollicitée.
Nolwenn Febvre
Ils m'ont sollicitée, mais on n'y avait pas réfléchi. On s'est dit « Comment on va faire ? »je ne sais pas. Et là, moi, j'ai analysé ce qui s'était passé chez nous. Je me suis dit « Pourquoi ça a marché chez nous ? »je me suis dit « Ce sont des soignants qui s'engagent dans leur établissement, qui créent une association. »alors autant l'appeler les petits doudous parce que plus on sera peut- être que si on est quatre, cinq, on aura plus de poids qu'un tout seul.
Fouad Souak
Ce que tu essayais de faire, c'était de trouver un modèle pour répondre à ça.
Nolwenn Febvre
Oui, exactement. Comment on essaime maintenant ? Comment on fait que ça va pouvoir se réaliser ailleurs ?
Fouad Souak
Et on répond à la demande
Nolwenn Febvre
Et on répond à la demande. C'est juste ça. Et après, d'ajouter le volet développement durable et de recycler des déchets, on leur a apporté un modèle économique au- delà de l'idéologie qui me tient à cœur d'agir pour la planète. C'est-à-dire, vous créez une asso, mais en plus, on vous donne des clés pour avoir de l'argent.
Fouad Souak
En fait, vous vous avez franchisé.
Nolwenn Febvre
On a franchisé complètement. Et puis, parce que c'est des gens responsables dans les établissements. Et à ce titre- là, le jeu, il est fait. On va pas réinventer la poudre, on va vous le donner. Et donc ça a commencé comme ça, la deuxième asso, la troisième asso, la quatrième asso.
Fouad Souak
Parce que tu disais, il faut aussi financer un certain nombre de choses. L'application, elle est développée une fois, puis après, elle est injectée dans les tablettes. Mais les tablettes, il les faut.
Nolwenn Febvre
Bien sûr. Nous, on avait réussi à trouver des fonds pour nos premières tablettes. Et finalement, à ce moment- là, on a fait la première campagne de crowdfunding sur le site ULUL pour financer 15 ASO. Il y en avait une dizaine.
Fouad Souak
Pour commencer plus rapidement
Nolwenn Febvre
Et leur donner deux tablettes, un kit, des gommettes pour commencer. Et quand une ASO se crée, c'est aussi pour valoriser les soignants, dire « Vous vous engagez, nous, on vous félicite, on vous donne ça et vous allez voir qu'on va tout faire pour vous aider à commencer. » Et on savait très bien que deux tablettes, c'est pas suffisant. Un an, je pense qu'ils en ont 20. Mais après, ça mettait le pied à l'étrier pour aller chercher des fonds, pour se dire que c'était possible et que le réseau marche. Tout le monde à l'hôpital connaît quelqu'un qui a une entreprise, qui va faire un don, qui va défiscaliser. Et finalement, deux tablettes, c'est déjà bien pour commencer. Et ça motive aussi de se dire « On en a que deux, mais il nous en faudrait cinq. On va aller chercher des fonds pour en trouver trois de plus
Fouad Souak
Ça veut dire que les asso' locales sont complètement autonomes ?
Nolwenn Febvre
Elles sont complètement autonomes.
Fouad Souak
Elles ont leur bureau, leur fonctionnement ?
Nolwenn Febvre
Oui, tout à fait.
Fouad Souak
Leur projet, non aussi ? Il y a des projets un peu annexes ?
Nolwenn Febvre
Plus ou moins, mais non. L'idée, c'est aussi de fédérer et que les Bonnes Idées des Indes profitent à tout le réseau. Donc, on partage tout ça. C'est vraiment ça le cœur. Et puis que ça devienne un vrai réseau soignant, engagé. Les petites doudous, c'est ce qui se passe. C'est ce qui se passe. J'étais il n'y a pas très longtemps à la doodoo run de Fougère, où ils ont fait une course solidaire pour les petits doudous de Fougère. Et la présidente des petits doudous de Fougère, elle a dit que ça m'a évidemment beaucoup touchée. Elle a dit « Je suis très contente de faire partie de la famille des petits doudous. » Donc ça, c'était vraiment très chouette de l'entendre dire ça, parce qu'elle a jamais bossé comme une tarée pour organiser ça.
Fouad Souak
En fait, tu t'es transformée quand même en chef d'entreprise avec tout ça.
Nolwenn Febvre
Oui, c'est vrai que ça a dérapé à un moment.
Fouad Souak
Ça a partir de quand ça a dérapé ?
Nolwenn Febvre
Du mail envoyé, je pense. Tout ça, non, ça a commencé à déraper quand les ASO sont créés. Finalement, aussi d'avoir des dons de certaines entreprises pour le réseau Dou Dou et de se dire « C'est plus juste pour Rennes. » Et là, il faut structurer parce que finalement, il devait y avoir une quinzaine d'ASO créés déjà, c'était beaucoup coup. Et finalement, de dire « Il faut une tête de réseau et il faut une entité qui va chercher des fonds. Peut- être qu'on peut aller en chercher plus et on fera redescendre nos assos locales. Et donc, en 2017, on a créé l'assaut national. Donc il y avait 30 assos de créés, déjà, dont les petits doudous de Necker. Et moi, j'étais très fière parce que c'était un retour aux sources pour moi et que j'ai retrouvé les anesthésistes à qui j'avais travaillé en réa et des collègues avec l'asso qui venait de créer. Donc, c'était génial. Et voilà. Et donc, on a créé l'Asso national. Je me suis retrouvée présidente de l'Asso national et d'essayer de voir un peu plus loin et comment on allait faire pour avancer tous ensemble.
Fouad Souak
Une association nationale avec 30 bureaux locaux, c'est une entreprise. Il faut être formé, il faut être accompagné. On le voit dans ton parcours et c'est ça qui est absolument génial.
Tu as parlé de ton projet, tu as parlé à chaque fois de ce que tu as envie de faire et tu as essayé de trouver des personnes qui t'aideraient à atteindre ces objectifs- là, en disant « Moi, je ne sais pas développer une appli, je ne sais pas dessiner des dessins, je ne sais pas fabriquer des doudous et j'envoie des bouteilles à la mer pour essayer de trouver des personnes suffisamment folles, autant que moi, pour te suivre. » Et puis après, l'ensemble de l'association. Et c'est ça, quand on défend une cause et une cause à laquelle on croit est une cause utile, je pense qu'effectivement, ça génère beaucoup d'engagement.
Nolwenn Febvre
Oui, c'est ça. Et puis ça nous aide à passer des barrières qu'on se met peut- être. Voilà, j'ai rencontré un jour un chercheur qui m'a dit « C'est pas parce qu'on sait pas le faire qu'il faut pas le faire ». J'ai trouvé que c'était pas mal parce que rien à perdre. C'est vraiment ça l'idée, c'est de se dire « Oui, peut- être que je sais pas faire, mais si j'essaye pas...
Je ferais jamais. Je ferai jamais. Et on a tellement d'auto- censure comme ça de base, je pense. Évidemment qu'il y a plein de compétences que je n'ai pas et je sais toujours pas faire un jeu vidéo et je ne savais pas faire de la comptabilité. Et voilà. Après, on a aussi plein de gens autour de nous qui savent faire et qui nous conseillent, d'autres a des partenaires. On a des partenaires à peu près dans tous les domaines. Leurs conseils sont précieux et l'idée, c'est de travailler avec eux. Ils ont tous envie de nous aider aussi.
FS
Il y a une idée un petit peu reçue, en tout cas un truc qu'on voit souvent dans le domaine de l'entrepreneuriat et partout en réalité, c'est celle de la propriété des idées. On a une idée, on n'a pas envie de la partager. On veut la garder pour nous parce qu'on pense qu'on préfère la protéger, ne rien en faire plutôt que d'autres puissent s'en emparer. En réalité, on s'aperçoit qu' il faut en parler, il faut l'exposer parce que c'est comme ça qu'on va avoir des meilleures idées. D'abord parce que les gens vont pas s'arrêter. Ils vont pas arrêter leur vie juste parce qu'ils vont se dire « Ils ont eu une super idée, donc on va la faire. » Ça, c'est le premier point, surtout dans le business et dans l'entrepreneuriat. C'est surtout en en parlant qu'on va trouver ces personnes qui savent faire ou qui vont nous donner d'autres idées, des pistes, des moyens de nous rapprocher de notre but et de la réussite est attendu. Bien qu'ici, la réussite, ce n'est pas des réussites personnelles, on le voit bien, ce n'est pas des réussites, c'est des réussites collectives et qui servent à la communauté médicale et aux enfants. Donc, il faut te former effectivement à la comptabilité et je crois que tu avais bénéficié de programmes un peu spécifiques qui t'ont certainement beaucoup aidé à passer un cap ?
Nolwenn Febvre
Bien sûr, parce que ça grossissait. Je voyais bien qu'il y avait de plus en plus d'assos. On se retrouvait à la tête de réseau et il fallait des fonds. L'objectif était d'aider les assos, donc il fallait plus de fonds. Et puis finalement, on est aussi dans une démarche de surveillance d'appel à projet. À ce titre- là, on a candidaté à la fondation de François Hollande qui s'appelle La France s’engage. Et donc on a répondu en 2018 à l'appel à projet. On a été lauréat. Et là, ça a été un cap important pour nous puisque ça a été des moyens financiers et qu'on a pu avoir des bureaux, commencer à embaucher du monde.
Fouad Souak
Donc, il y a une dotation avec.
Nolwenn Febvre
oui, avec et surtout aussi de l'accompagnement technique et avec des compétences opérationnelles. Mettre en place des indicateurs d'impact pour valoriser le projet.
Fouad Souak
Oui, parce qu'avant, de candidater, c'était quoi le besoin ? Qu'est- ce que tu te disais avant de... Tu as réussi un bon paquet de choses. Les doudous, tu les distribues à ces enfants- là. Le jeu, tu l'as fait. Tu as disséminé partout en France et quotidiennement, des nouveaux hôpitaux et des nouveaux centres veulent mettre en place un bureau local. Mais tu t'es pas dit « Stop, ça suffit parce que je suis arrivé au bout de l'idée et maintenant, il faut stabiliser un petit peu tout ça. » Non.
Nolwenn Febvre
Non, c'est vrai. Pourquoi je me suis pas dit ça ? Non, je me suis dit « Il faut continuer ». Et qu'on avait aussi des hôpitaux qui continuaient à nous solliciter et qui voulaient créer des assos. Donc voilà, il faut les aider, il faut des fonds. Et je sentais quand même que je n'avais pas fait l'école d'anesthésie pour me trouver à la tête d'un réseau comme ça et que j'avais des compétences qui me manquaient.
Fouad Souak
C'est parce que tu continuais quand même ton boulot.
Nolwenn Febvre
Oui, je continuais quand même mon boulot.
Fouad Souak
Et tu continues toujours ton boulot.
Nolwenn Febvre
Je continue toujours mon boulot. Mais oui, je sentais qu'on avait besoin de compétences et d'accompagnement. Et donc, au-delà du financier dont on avait besoin, c'était d'avoir ce réseau- là, peut- être de structures qui ont accompagné des projets qui changeaient d'échelle. Et on était dans cette situation- là et c'est pour ça qu'on a été lauréat d'ailleurs.
Fouad Souak
Changé d'échelle. C'est ça le truc important
Nolwenn Febvre
Tout à fait. Et que ça nécessite un accompagnement différent et que j'ai eu la chance, à la même période, de rentrer dans un système de repérage d'une ONG qui s'appelle Ashoka et qui cherche des porteurs de projets partout dans le monde. C'est une ONG américaine. Et qu'on est tombé dans leur scope et qu'ils ont mené une enquête sur nous pendant six mois, sur moi, qu'ils sont venus à Rennes parler à mes collègues, leur poser des questions. Cette ONG cherche des projets à impact social qui peuvent avoir un changement systémique. C'est vraiment leur ligne. Et ils ont surtout repéré, moi, je n'en avais pas forcément conscience, que c'est des projets qui ont fait leurs preuves, qui sont développés, mais qui arrivent à un certain point peuvent être en difficulté de structuration. Et c'était notre cas. Et que si on ne les aide pas à ce moment- là, on peut mettre en péril nos projets.
Fouad Souak
Oui, parce qu'il y a des besoins de professionnalisation, évidemment
Nolwenn Febvre
Exactement. Et c'est ce qui s'est passé, c'est que c'est une démarche d'enquête sur des personnes. Donc là, c'était sur moi, de savoir si j'avais bien les critères et l'engagement que Ashoka recherche.
Fouad Souak
Et probablement les capacités. Parce que j'imagine, on peut être très bon dans une phase de création, de lancement et peut- être qu'on n'est plus la bonne personne ensuite pour continuer son développement.
Nolwenn Febvre
Oui, c'est ça. C'est exactement ça. C'est vraiment leur enquête. Je suis devenue ce qu'ils appellent « Fellow Ashoka » en 2018, accompagnée par Ashoka. À ce titre- là, ils m'ont demandé d'arrêter de travailler à l'hôpital pendant trois ans pour me consacrer au projet. J'ai refusé. J'ai dit « C'est pas possible. » J'ai négocié à mi- temps. Ils m'ont dit « Dans ce cadre- là, comme le projet est vraiment dans votre établissement, que vous n'avez pas créé un projet à côté. » J'ai dit « J'ai besoin d'être sur le terrain et donc ils m'ont dit « OK. » On finance à mi- temps et je suis passée à mi- temps depuis ce temps- là, depuis 2018, financée par Ashokar.
Fouad Souak
Tu y es plus là ?
Nolwenn Febvre
Si, je suis encore à mi- temps.
Fouad Souak
Tu es toujours fellow de la fondation Ashoka ?
Nolwenn Febvre
Oui, c'est à vie. On a un accompagnement de trois ans, mais on reste fellow. Et moi, j'ai la chance d'avoir, en plus d'avoir eu le financement pendant trois ans, d'avoir un comité d'accompagnement de personnes qui ont de très grandes compétences et avec qui je travaille régulièrement, qui sont... C'est précieux, ça. C'est très précieux et qui me challenge, qui me disent « Là, il faut que tu fasses attention. Comment on peut t'aider ? » et qui écoutent aussi les problématiques que je peux avoir.
Fouad Souak
Comment ils avaient identifié chez toi les points forts et les points faibles ? Et donc les points faibles, évidemment, là où tu avais besoin d'assistance pour passer à ce fameux cap et donc accompagner le développement des petits doudous.
Nolwenn Febvre
Je pense qu'il y avait déjà que j'avais réussi ça, moi, pas moi, puisque c'est les assos locaux qui font, mais que le modèle était bon et répondait à un besoin de terrain si ça se développait, qu'ils avaient bien conscience que changer d'échelle, c'était compliqué et que là, on a besoin d'accompagnement, d'être surveillés parce qu'on y met de l'énergie. Moi, c'est un projet qui me tient à cœur. Il faut apprendre à gérer tout ça. Peut-être qu'il fallait plus de monde, il faut apprendre à gérer des équipes. Et ce qui a été aussi très important, c'était d'essayer d'avoir la vision que j'avais du projet et où je voulais aller. Et quand je l'ai dit encore il n'y a pas très longtemps, quand j'arriverai à montrer que les soignants doivent faire plusieurs choses et travailler sur des projets pour revenir à l'hôpital avec ce projet et peut- être d'avoir du temps détaché, que ça soit valorisé comme si c'était normal de faire ce job. Peut-être que finalement, d'être membre Doudous, ça mérite 25% et que ça doit être financé par l'hôpital ou l'établissement et que c'est normal ou par d'autres organismes, peut- être, mais en tout cas que c'est normal et que ça mérite d'être valorisé, que ces soignants-là, en plus, vont aller mieux.
Je l'ai dit encore, quand j'aurai réussi à faire ça, j'en prendrai des vacances.
Fouad Souak
C'est ça, en fait. En réalité, t'as répondu à cette question-là, c'est pourquoi tu t'es pas arrêtée à ce moment- là ? Parce que tu n'as pas atteint l'objectif que tu t'es fixé.
Nolwenn Febvre
Oui.
Fouad Souak
Et que tu avais une vision et que ta vision dépassait le simple fait de soulager la prise en charge des enfants.
Nolwenn Febvre
Parce que si les soignants vont mieux, ils vont mieux s'occuper des enfants et tout le monde ira mieux. L'idée, c'est ça, c'est de se dire... Si moi, je n'ai plus envie de partir, c'est parce que j'ai la chance aujourd'hui d'avoir du temps à côté, de travailler beaucoup sur des projets pour l'hôpital, mais de montrer que quand on est soignant, on peut aussi faire ça. Moi, j'ai la chance d'être financée pour le mi- temps que j'ai, mais voilà, tous les soignants du réseau Doudou qui sont bénévoles et qui font tout ça en plus de leur boulot à côté, il y a un moment où si on arrive à reconnaître que ça fait partie de leur job, ce serait une belle reconnaissance pour eux.
Fouad Souak
En plus, c'est génial cette histoire parce qu'on voit bien que l'impact, quand on commence par soi et son entourage proche et que ça répond à une problématique que l'on rencontre au quotidien, qu'elle est ensuite généralisée parce qu' on n'est pas seuls face à cette situation et qu'effectivement, c'est généralisé que ça prend de l'ampleur, que là, on a atteint une dimension effectivement nationale. Je ne sais pas d'ailleurs si tu connais des initiatives étrangères européennes ou américaines.
Nolwenn Febvre
Il n'y en a pas.
Fouad Souak
Voilà. Et que ce petit doudou, ce petit mail au départ, qui a un impact très faible au niveau global, peut finir par changer quelque chose de grand.
Nolwenn Febvre
Oui, en fait, j'ai juste envoyé un mail. C'est rien ça. Tout le monde peut le faire en fait
Fouad Souak
Après, tout le monde ne peut pas aller jusqu'à la création du petit Doudou et tout ce que t’as fait
Nolwenn Febvre
On sait pas, en fait. Tout le monde peut commencer. Voilà, on peut commencer. Et puis après, moi, je me suis adaptée. J'ai appris beaucoup de choses tous les jours. J'apprends encore beaucoup de choses et c'est aussi une aventure dingue de vivre ça et que ça m'a formée. Oui, je suis infirme anesthésiste et pourtant, je fais la déclaration TVA et voilà. Et pourquoi pas ?
Fouad Souak
C'est pas fini, mais parce que depuis le début, tu parles de toutes ces belles choses qui se sont passées, de toutes ces réussites. T'as quand même connu des désillusions, des échecs, des difficultés ou alors non, ça a été un long tapis rouge qui s'est déroulé devant toi
Nolwenn Febvre
Il y a eu des difficultés évidemment et des pressions et c'est un nouveau modèle. Aujourd'hui, c'est des associations de soignants intra- hospitaliers comme ça, on est le seul modèle en France, ça existe pas et ailleurs non plus. Il y a eu la soif de régime
Fouad Souak
Il y a pas des jaloux qui sont venus, qui t’ont emmerdé, qui ont essayé de...
Nolwenn Febvre
Oui, il y a eu beaucoup de pression. Je pense que j'ai cette capacité à garder les bons moments.
Fouad Souak
Très résiliente.
Nolwenn Febvre
Oui, je pense. Et combien de fois à l'hôpital, quand je travaillais, c'est pour ça que je continue à travailler, où je venais et je voyais un enfant arriver dans sa voiture électrique avec ses autocollants doudous, que je le voyais s'endormir tout seul au bloc, je me disais « Rien que pour lui, ça vaut la peine. » Et toutes les difficultés que j'ai eues, c'est pas grave. Si lui, il va mieux, s'il s'endort comme ça et s'il vit bien ça, rien que pour un, ça vaut la peine. C'est ça. Et toujours, et je m'en nourris tout le temps quand je dis que j'ai plein de photos super belles, c'est que je m'en lasse pas. J'en fais pas à chaque fois que je bosse, mais pas loin. De voir les enfants qui partent. Et puis maintenant, il y a tellement de super moments, l'interne qui sait pas qui je suis, c'est très bien, qui me dit « Non mais attends, ne jette pas le fil de bistouri, tu sais que ça paye les doudous. » Oui, quand on offre aux enfants ? » Voilà, je me dis « Ça, c'est fait. » Et les difficultés que j'ai eues la journée...
Fouad Souak
Enfin, juste, tu lui diras parce qu'il te connaît pas, quand même.
Nolwenn Febvre
Oui, c'est ça. Il se fait chambrer en plus par les équipes en disant « Il y a plein d'anecdotes, c'est vraiment bienveillant tout le temps. » Et finalement, ça m'aide à passer les moments difficiles et de me dire « C'était pas grave.
Fouad Souak
Parce que quand même, encore une fois, on le rappelle, tu continues de bosser, tu fais pas ça à temps plein, alors que ça mériterait plus qu'un temps plein, en réalité. Donc, il faut supporter la charge de travail. J'imagine qu'il faut aussi, évidemment, pouvoir se ménager aussi un temps pour soi, un temps pour soi, pour sa famille, pour ses amis, pour ses loisirs, parce que t'es passionnée de planche à voile.
Nolwenn Febvre
Exactement.
Fouad Souak
Ça aussi, personnellement, c'est difficile. Probablement que les programmes auxquels tu as participé, ça est l'accompagnement, le fait d'être entourée et de savoir que d'autres personnes ont vécu ça et qu'on te comprend parce que doit y avoir un décalage aussi énorme avec son entourage.
Nolwenn Febvre
Oui, oui, bien sûr. Je me rappelle aussi un soir où j'étais de garde et j'étais en train de me laver les mains avant d'entrer au bloc et qu'à la fin, l'anesthésiste qui était là, elle me regarde et elle me dit « Mais comment tu fais ? » J'ai dit « Mais comment je fais quoi ? » Elle me dit « Mais hier, tu étais à l'Élysée, j'avais été invitée par Emmanuel Macron et là, j'étais en train de me laver les mains et j'étais à ma place d'infirmière anesthésiste. J'ai dit « Mais c'est la vraie vie aussi. » C'est ma vraie vie et je dis « C'est mon métier, j'ai envie de le faire et je suis infirmière anesthésiste comme tous les autres. » Ça aide aussi à peut- être garder le cap parce que je pourrais être tous les soirs à m'inviter à des cocktails, à tout ça, mais je serais tellement loin de la réalité du terrain. Donc ça, c'est aussi mon équilibre de travailler à l'hôpital. Et après, j'ai la chance d'avoir un écosystème aussi autour où ça m'est arrivé quand il y a des difficultés, je me rappelle très bien d'être en difficulté sur des problématiques pas savoir comment faire et d'appeler au secours quelqu'un d'Ashoka qui m'accompagne en disant « Je sais pas comment je vais faire ». Et il m'a dit « Tu vas nager, tu te reposes et tu m'appelles dans deux heures et on en reparle. Et la réunion, tu vas la faire comme ça et on va t'aider ». Donc oui, j'ai ces ressources autour qui font que quand ça va pas, je sais qui appeler. Je suis pas toute seule
Fouad Souak
On voit quand même que tu as la tête bien faite.
Nolwenn Febvre
C'est le bazar un peu des fois
Fouad Souak
C'est vrai, j'imagine. Mais ça vient d'où ? C'est le bazar un peu des fois. Oui, j'imagine. Ça vient d'où ces constructions familiales ? Ta Bretagne Nord ? Tes passions perso ?
Nolwenn Febvre
Je ne sais pas d'où ça vient. Je crois que j'ai grandi à La Nyon dans une période aussi où le numérique était en plein... Les télécoms en plein boum et c'était l'innovation permanente. L'invention de la carte à puce, le mini tel. Nous, on avait les derniers téléphones à la maison
Fouad Souak
Le mini tel crée à Lannion
Nolwenn Febvre
À Lannion, exactement.
Fouad Souak
C'est Breton.
Nolwenn Febvre
Voilà, on était ville test. On était le premier dans le mini tel. Donc voilà, ça me paraissait possible. C'était tous des trucs innovants. Peut- être que ça, c'est quelque chose qui m'a... J'ai baigné dedans. Me dire, ils ont l'air de croire que c'est possible. Ils testent des choses. Donc peut- être qu'il y a de ça. Et puis après, oui, la famille, la nature aussi, la mer. Voilà, une région riche quand même.
Fouad Souak
On est bien ancré en Bretagne.
Nolwenn Febvre
On est bien ancré en Bretagne. C'est vrai. Et puis du granite. Rose, en plus.
Fouad Souak
Ça fait partie des petits doudous, ça aussi. Bleu, vert et rose.
Nolwenn Febvre
Bleu, vert et rose, oui.
Fouad Souak
Donc on revient quand même sur la fondation de la France s'engage, qui t'a permis de passer à étape importante. Une grosse étape. Et qui t'a accompagné jusqu'où ?
Nolwenn Febvre
En fait, ils nous accompagne toujours. On a eu trois ans d'accompagnement financier et puis on est un bon exemple de ce qu'ils veulent démontrer que les changements qu'on accompagne un peu avec de l'argent au départ peuvent avoir un impact encore plus important. Et donc, ils nous suivent de près. Là, on a une mission encore grâce à leurs partenaires avec des avocats à Paris sur les flux financiers entre nos structures, comment … C'est des choses importantes. Là, on a besoin vraiment d'experts sur du mécénat, du sponsoring, comment les partenaires qui viennent. On a beaucoup de sujets. On vend aussi beaucoup d'objets dérivés qui financent le projet. Pour éviter que les assos achètent chacun dans leurs coins et payent cher, on a fait central d'achat. C'est tout bête, mais au lieu d'acheter... On s'est dit « On va acheter pour cinq assos et ça va être mieux, on va avoir des meilleurs tarifs. » Donc on a commencé à faire ça dans notre coin, pareil. Ma mère dans le Finistère faisait un peu l'expédition. Sauf que ça a commencé à prendre vraiment beaucoup d'ampleur.
Fouad Souak
À gérer certainement aussi des flux financiers importants
Nolwenn Febvre
À gérer des flux financiers. Et surtout, moi, j'ai appris que si on faisait plus de 60 000 € de chiffre d'affaires dans une association, on perdait l'intérêt général. On n'en était pas du tout là, mais moi, je dis hors de question de perdre l'intérêt général. Donc on va externaliser ça. Mais comment ? À qui ? Je ne sais pas trop. Et donc, j'ai eu un ami avocat qui m'a dit « Mets sur la table ce que tu voudrais, on va regarder comment ça peut se faire. » Et il il m'a dit « Il faut créer une structure. » Et donc on a créé une société qui s'appelle Doudou Développement, qui est une société ESUS, une entreprise solidaire d'utilité sociale, parce qu'elle a pour mission de rendre service aux associations et de financer l'association aussi. Et donc on a créé cette structure en 2018, Doudou Développement, et qu' aujourd'hui, il y a deux salariés, qu'elle a une vraie activité de vente de produits puisqu'on en vend à toutes les asso. Il y a beaucoup d'assos. Et que pour aller plus loin. Aujourd'hui, pour aller plus loin, on vend aussi au public. C'est aussi un challenge pour nous d'être plus visibles du public, parce que plus il y a d'assos, on en vend, mais plus le public nous aide en achetant nos objets dérivés, plus aussi ça aide le projet à être financé. Aujourd'hui, l'enjeu, au-delà des plus de 100 assos créés, c'est d'être mieux connu du grand public.
Fouad Souak
Vous y arrivez comment, justement ?
Nolwenn Febvre
À être connu du grand public ?
FS
À être connu du grand public, à sortir des murs de l'hôpital.
Nolwenn Febvre
Voilà, on essaye. Et puis, plus il y a de soignants, plus on communique et plus on échange et plus nos objets dérivés sont visibles.
Fouad Souak
Il y a plus d’enfants malades, non ?
Nolwenn Febvre
Non, c'est pas. Non, non, non. On espère qu'ils vont mieux, mais voilà, les enfants qui devront venir à l'hôpital, ça existera toujours et on est là pour ça. Nous, c'est aussi parce que c'est avant tout une histoire de rencontres et une très belle aventure humaine. C'est aussi qu'aujourd'hui, notre choix, et le pari qu'on prend pour être plus connu du grand public, c'est par la voile.
Fouad Souak
Ça a été un choix délibéré ou alors ça a été encore une rencontre et un mail envoyé ?
Nolwenn Febvre
C'est encore aussi dingue que tout le reste. C'est Amandine. Amandine à qui j'ai envoyé le premier mail, qui un jour m'appelle et me dit « Noëlle, il faut que tu sois vendredi à Saint-Malo. » Je lui ai dit « Non, vendredi, je ne peux pas. Je suis en salle de réveil, je ne peux pas. » Elle me dit « C'est pas un choix, c'est « Arrange- toi, il faut que tu viennes, ça va te plaire. » Elle m'a pas dit plus de choses que ça. Comme je lui ai fait confiance, je me suis arrangée.
Fouad Souak
On pouvait quand même aller, elle est là depuis le début.
Nolwenn Febvre
Tout ça, ça existe grâce à elle. C'était en 2016 et je lui ai fait confiance. Et comme j'ai des collègues bienveillants et que je passe mon temps à bouger mon planning, je trouve toujours quelqu'un pour me remplacer. Je suis allée à Saint-Malo en 2016 et je me suis retrouvée en bas des remparts où Amandine m'attendait et elle m'a présenté Armelle Tripon, qui est un skipper. Et ils m'ont annoncé tous les deux qu'ils partaient faire une régate. Ils partaient à New York et que Moulin Roty finançait son budget de fonctionnement, mais qu'ils avaient décidé de mettre le logo des petits doudous à la place de celui de Moulin Roty. Ça s'est passé comme ça. L'après- midi, avec Amandine, on a pris des éponges. Ils ont vissé la grand voile et nous, on a dessalé la grand voile et on a collé l'autocollant des petits doudous dans la grand voile toutes les deux. Et il est parti avec ce logo et quelques doudous dans son bateau.
Fouad Souak
Mais là, c'était genre totale surprise ?
Nolwenn Febvre
Totale surprise. Ce qui s'est passé maintenant, je le sais, parce qu' un peu à postériori
Fouad Souak
Parce que tu ne le connaissais pas ? Pas du tout.
Nolwenn Febvre
Pas du tout. Armelle Trippon connaissait très bien Moulin Roty. Il a aussi une histoire avec Moulin Roty. Et quand il a été question de financement de son bateau, il a gagné la Mini Transat avec un bateau Moulin Roty. Il avait déjà eu ce sponsor. Et donc là, il est revenu sur son projet. C'était un class 40. Et donc il a demandé des budgets à Moulin roty s'il voulait suivre. Et ensemble, ils s'étaient dit « C'est bien, mais est-ce qu'on peut pas raconter une autre histoire et soutenir une asso ? » Et en fait, Moulin Roty a dit tout de suite à Armelle « Mais nous, on en soutient une asso et ça va te plaire. » Et Armelle, il avait eu un petit garçon hospitalisé et l'hôpital, ça lui a toujours tout de suite parlé. Et donc, on s'est rencontrés à Saint-Malo. On allait manger tous ensemble, il m'a dit « Raconte- moi, tu fais quoi ? C'est quoi l'histoire des doudous ? » Et j'ai dit « Et toi, raconte-moi, c'est quoi l'histoire d'un skipper qui part en portant une asso
Fouad Souak
Tu le connaissais à la base ?
Nolwenn Febvre
Non, pas du tout. Non, non. Alors que j'aimais bien le monde de la voile. Je connaissais évidemment, on est en étant Bretonne, tout ce milieu- là, mais non, non, je ne le connaissais pas du tout. Et donc il est parti. Tout de suite, j'ai vu quand même que sur nos réseaux, le relais, dès qu'il nous envoyait une photo, les soignants y partageaient, qu'il y avait un effet de communication, qu'on avait des demandes de dire « On a vu votre logo sur un bateau, c'est quoi les petits doudous ? »je me suis dit quand même, ça a l'air d'être une bonne com'. Et puis quand on voit évidemment toutes les marques qui utilisent le vecteur de la voile, je me suis dit « bon très bien
Fouad Souak
Tu t'es pas dit « en fait, c'est une idée farfelue ».
Nolwenn Febvre
Non, je trouvais que c'était dingue, mais pourquoi pas ? Et que c'était des belles valeurs de toute façon aussi, la planète, la mer. Et en fait, Armelle, après cette première régate qu'il a arrêtée aux Assors parce qu'il a pris un gros coup de vent et qu'il a pas pu la finir. Il m'a envoyé un message pour me dire que
Fouad Souak
T’as dis à Mouli Rotty « Putain, en fait, vous avez misé sur le mauvais fan ». Ce n'est pas possible. J'en ai un autre qui pleure.
Nolwenn Febvre
Je trouvais ça dingue déjà d'avoir proposé ça. Et en tout de suite, tout de suite, il m'a dit « Je vais arrêter parce que c'est pas raisonnable. Le bateau, il faut pas prendre de risque. J'ai trouvé ça aussi adapté. Et il m'a dit, par contre, je vais faire Québec-Saint-Malo après et je veux vraiment continuer à porter l'assaut. Et j'ai dit « Pas de problème. » Sur la régate d'après, il a fait changer le nom du bateau pour qu'il y ait le nom des petits doudous qui apparaissent au bout de la ligne. Et il a continué. Moi, je suis allée à l'arrivée à Saint-Malo et voir le logo des doudous arriver, j'ai trouvé ça dingue. Et puis ça a continué comme ça. Après, il a eu un autre sponsor qui était Réhauté avec un trimaran aux couleurs de cette entreprise que j'ai rencontrée, qui ont été tout de suite favorables au fait qu'il y ait notre logo sur le bateau. J'étais même la marraine du bateau et il a gagné la Route du Rhum 2018 avec ce bateau.
Fouad Souak
Et Moulin Roty était toujours partenaire ?
Nolwenn Febvre
Moulin Roty, toujours partenaire pour nous mettre en visibilité.
Fouad Souak
D'accord. Donc, en fait, il finançait la part sponsoring des petits doudous.
Nolwenn Febvre
Voilà. Ok. Et il nous laissait la place.
Fouad Souak
C'est incroyable. C'est quand même beau. Qui dirige Moulin Rôtty ? C'est une famille ? C'est une entreprise familiale ?
Nolwenn Febvre
C'est une SCOP, c'est les salariés.
Fouad Souak
Ah oui, c'est une SCOP
Nolwenn Febvre
C'est Bruno, le patron de cette boîte. C'est vraiment super. Et aujourd'hui, c'est Émilie, la présidence a changé.
Fouad Souak
Amandine, présidente. Elle est y est toujours Amandine ?
Nolwenn Febvre
Oui, elle est toujours, bien sûr.
Fouad Souak
Bonjour Amandine. Tu es formidable.
Nolwenn Febvre
C'est vrai. Merci d'avoir répondu à ce mail. Et donc Armelle, voilà, il trimballe des doudous et puis ça marche bien. Et il part faire le Vendée Globe en 2020 avec un bateau qui n'est pas du tout à nos couleurs et on arrive à trouver une histoire à nos doudous gris et il embarque tout ça. Et c'est pas mal le Vendée Globe parce qu'on a des assos' outre- mer et que ça permet de faire le lien entre les assos métropolitaines et Outre- mer. C'est que quand il est au niveau de la Guadeloupe, on fait un petit coucou aux doudous de Guadeloupe qui font des photos sur la plage. Quand il est au niveau de la Réunion, les gens de la Réunion, ils arrivent à... Je ne sais même pas comment ils ont fait ça, à trouver la responsable de la surveillance du python de la Fournaise. Et la responsable, elle monte en haut du volcan avec sa tenue d'ulcanologue, avec des doudous, pour dire « On regarde passer Armelle Tripon. » J'ai trouvé ça fou. En Polynésie, ils étaient déjà à Autaqué avant que le bateau parte. Donc, il se crée vraiment une vraie aventure et Armelle joue le jeu. Il nous envoie des photos de sa mascotte qui est le doudou gris qui est avec lui. C'est une course en solitaire, mais lui n'est pas tout seul, il a plein de doudous avec lui. C'est une belle histoire. Et puis c'est aussi de la performance, des valeurs et c'est tout ce qu'on est, nous aussi, en anesthésie. La performance, il y en a tous les jours. Donc le parallèle entre- C'est l'aventure humaine. L'aventure humaine, les tempêtes, les obstacles et comment on surmonte ça. C'est exactement ce que vivent les enfants au bloc. Donc voilà, les parallèles. L'attitude aussi de ces marins qui sont là pour le calme, qui sont tout le temps aux aguets, qui surveillent, qui sont là pour les problèmes, exactement comme nous, au bloc. Donc le parallèle est assez fort. Fort. Et finalement, quand il revient du Vendée Globe, on se retrouve chez Moulin Roty pour faire le bilan et Armelle, il dit « Il faut aller plus loin, il faut un bateau aux couleurs de l'association. » Un tri marrant. Un tri marrant aux couleurs de l'association. Alors moi je dis..
Fouad Souak
Calmez-vous.
Nolwenn Febvre
Comment on va faire ça ? » Moi, je dis « Je veux bien proposer à nos partenaires de faire comme Moulin Roty, c'est- à- dire de financer... » Là, c'est quand même assez dingue. Je vais voir des partenaires et je leur dis « Écoutez, on a besoin d'argent.
Fouad Souak
Vous allez donner du fric, mais pas pour vous
Nolwenn Febvre
Voilà. Vous allez donner du fric pour un bateau, un budget de fonctionnement et c'est des gros budgets. En plus, vous allez pas mettre votre logo, mais le nôtre. En plus, on a besoin de vos salariés pour nous aider. La belle histoire, c'est que sur la Transat Jacques Vabre.
Fouad Souak
En 2021- C'est comme si tu disais à un gars, tu vas voir un chef d'entreprise, tu vas lui dire « Écoute, je vais t'inviter chez moi, tu vas prendre la cuisine, tu auras fait les courses avant, tu vas me cuisiner un bon petit plat, ça va être top. Tu vas me dresser la table, je vais m'asseoir, tu vas me servir, je vais manger et tu vas me regarder.
Nolwenn Febvre
Ouais, c'est ça. Et tu vas même pas manger. C'est carrément ça. Mais il y a des gens qui disent oui. Ils disent oui à ça. C'est incroyable. Ils disent oui à ça. C'est incroyable. Pourquoi ? Parce qu'ils ont envie de nous soutenir, qu'aujourd'hui, ils se rendent compte que peut- être c'est un peu connu, les petits doudous, mais qu'on a besoin de visibilité, qu'on a besoin encore de passer une marche. C'est que moi, je me dis qu'à la fin de l'année, quand les gens ont envie de faire des dons pour une asso, ils se disent « Il y a la Croix-Rouge, Médecins sans frontières et les petits doudous. » C'est aussi ambitieux que ça de se dire « Peut- être qu'un jour, ça pourrait arriver.
Fouad Souak
Tu as fait des petites études de notoriété ? Comment ça se passe ? Justement, cette ouverture au public, au grand public. Ça commence à prendre ?
Nolwenn Febvre
Justement, avec ce projet voile, on est allés au devant du public. En 2021, c'était la première fois que le bateau était au nom de l'association et à nos couleurs, bleu, vert, rose. Et on avait un stand où on vendait les doudous et là, on a eu un vrai Moi, il y a eu plein de fois où je me suis dit d'ailleurs, une dame, elle m'a fait pleurer. Je ne sais même pas qui c'est, mais c'était juste avant le départ et on avait une semaine où on avait beaucoup travaillé, mais aussi beaucoup fait la fête. Et moi, j'étais très fatiguée. Il y a une dame, elle est venue, elle m'a dit ce matin, il y avait eu le baptême du bateau à Mandine et la marraine du bateau. Et Hugues, le président de Niger avec qui on a fait le jeu, pour le héros, c'est toi qui est le parrain du bateau aussi. Et en fait, il y a une dame, elle est venue, elle avait entendu à la radio que le bateau était baptisé, cette histoire de soignants engagés. Et en fait, elle est venue, elle me dit ce matin, je me suis levée, je me suis dit, j'ai une chose à faire, venir acheter des doudous pour vous soutenir. Et elle me fait tout un laïus en disant « Voilà pourquoi je veux, c'est le projet le plus intéressant. Et elle me fait toute une tirade. Et en fait, moi, j'étais fatiguée, je me suis effondrée. Tout le monde m'a dit « Mais qu'est- ce qu'elle t'a dit la dame ? » Elle m'a dit « Ce que j'avais envie d'entendre et pourquoi on est là ? Et pourquoi on fait ça ? Et pourquoi on est là. Et je me suis dit « On a ce retour et on a cette visibilité et ça valorise tout le monde. » Et les soignants sont venus en plus aussi tenir ce stand pour qu'on se voit, qu'on se rende compte. Julien, des petits doudous de Dieppe, il faisait notre mascotte, mais il nous a fait le chaud. Tout le monde était devant le bateau. C'était juste génial de le voir.
Fouad Souak
Je peux t'assurer que Léa, elle a qu’une passion
Nolwenn Febvre
Oui, c'est clair. Essayer de vivre ça et on a réussi sur la Transat Jacques Vabe et Armelle Tripon m'avait dit « C'est bien d'avoir réussi à boucler le budget de la Jacques Vabre, mais le Rhum, c'est bien plus que ça. » Et puis on a transformé le challenge. Il était au départ de la route du Rhum et il était à l'arrivée en Guadeloupe. Et à Saint-Malo, on a vécu une histoire complètement dingue. On a été classé dans les cinq bateaux à ne pas manquer. On a été appelés par tous les médias. Notre boutique doudou a cartonné et moi, j'ai eu des tonnes de messages d'un petit garçon qui vient avec son doudou qu'il a gagné à l'hôpital parce qu'il a été opéré, qui demande s'il peut se faire prendre en photo devant le bateau. Moi, je l'ai pris par la main. Je lui ai dit « Mais tu vas venir sur le bateau toi ». Et puis c'est ça. Et on a eu 200 soignants et salariés de nos partenaires qui sont venus se relayer pour tenir le stand la journée sur des jours de repos. Il y en a plein ici. Il y en a au moins deux que je vois devant moi qui ont fait ça. C'est dingue de vivre ça. C'est quand même incroyable. Et le retour... C'est la première fois, j'adore être dans la foule, j'adore le monde et c'est la première fois de ma vie où je suis allée sur la plage souffler parce que c'était tellement trop. Voilà, des collègues du boulot qui passent, qui me disent « Mais quand on te voit là Noël, c'est dingue quoi. » Et c'est vrai, c'était fou. Et moi, j'aime bien aussi ce moment un peu où ma mère et mon frère et ma sœur étaient là et on devait manger ensemble. Et en fait, j'ai été appelée par France Bleu, il fallait que je fasse une interview et on n'a pas beaucoup arrêté. Et en fait, je suis arrivée et j'ai dit à ma mère « Je ne peux pas rester ». Mon frère avait une bière et j'ai bu un peu dans son verre, c'est tout ce que je pouvais faire avec eux. Ma mère me dit « Mais on pensait qu'on allait te voir ». C'était très frustrant pour moi parce que je dis « Je bosse pour le projet, je ne vois pas ma famille ». En fait, ma sœur m'a envoyé un très beau message le soir. Elle m'a dit « Mais j'ai dit à maman, ta fille, elle a créé une asso sans prétention. » Et là, je ne sais pas si tu réalises, mais il y a un bateau au nom de son association qui va prendre le départ de la route du Roms. Donc oui, là, elle est très occupée, elle est débordée, mais quelle belle aventure elle vit quoi ! Et comment on peut être fiers
Fouad Souak
Oui, parce qu'on parle aussi beaucoup de, je l'ai évoqué, de sa disponibilité et du temps que l'on passe à gérer cette asso, autant que l'on passe à essayer de continuer à bosser à l'hôpital. Évidemment, on aussi est en fait le temps qu'on doit essayer de passer avec ses proches.
Nolwenn Febvre
Bien sûr.
Fouad Souak
Donc, il y a un équilibre à trouver, mais c'est difficile en fait, tout de même de trouver cet équilibre- là quand la mission est aussi importante.
Fouad Souak
Bien sûr.
Fouad Souak
Ça te dépasse, ça t'appartient plus.
Nolwenn Febvre
Non, ça m'appartient plus. C'est Thomas Coville qui m'avait dit « Noël, ce projet, il est devant toi depuis un moment. » C'est vrai. J'essaye de.
Fouad Souak
Faire au mieux. Oui, de rattraper un peu tout ça.
Nolwenn Febvre
Oui, mais c'est vrai. Juste de guider et de faire ce que je peux. Il ira où il doit aller. Moi, j'ai été invitée à une inauguration d'un service en région parisienne où il m'avait attendu pour faire l'inauguration et le directeur de l'hôpital, il dit « C'est grâce à vous tout ça. » Je lui ai dit « Mais moi, c'est la première fois que je viens chez vous. J'ai rien fait. » J'ai rien fait chez vous. C'est eux qui ont tout fait. »il m'a dit « Oui, c'est votre idée, peut- être, mais moi, j'avais rien fait.
Fouad Souak
Oui, c'est l'étincelle. Il y a peu de feu sans étincelles.
Nolwenn Febvre
C'est ça. Et c'est vrai qu' à Saint-Malo, mes enfants sont venus. Ma fille, elle a été bénévole sur le stand et ils ont eu un très grand de faveur, il faut le dire, c'est que je les ai emmenés tout seul visiter le bateau. Et je les ai emmenés. Ils ont le droit. J'ai dit à ma fille, tu vois, je sais que je suis pas à la maison, que je passe beaucoup de temps et que c'est un projet qui me dépasse parfois. Je dis « Regarde les enfants, regarde tout ». Je fais ça pour ça aussi. Et que je dis « Tu me manques et que des fois c'est difficile ». Et elle m'a regardée avec ses grands yeux bleus, elle m'a dit « Je te reproche rien maman ». Et elle avait un t- shirt doudou joue et là, je suis allée la chercher au volley la semaine dernière et elle joue avec. Donc oui, c'est dur quand on est enfant parce que des fois, ils voient que je suis plus sur ce projet qu'avec eux. Mais en grandissant, ils comprennent et ils sont vraiment bienveillants. J'ai dit à mon fils quand il est venu « Viens, je t'emmène sur le bateau. Il m'a dit « Mais non, maman laisse la place. Il y a plein de gens qui veulent le visiter ce bateau. » J'ai dit « Mais moi, j'ai envie que tu viennes avec moi le voir. » C'est aussi cet équilibre qu'il faut trouver. J'ai des collègues aussi qui m'aident beaucoup et qui me disent « Le temps que tu donnes, il faut... C'est du concentré peut- être et j'essaie d'être là comme je peux, mais tout le monde n'a pas la chance de vivre ça non plus. Je ne peux pas gâcher ça. Je ne peux pas gâcher cette chance de vivre un tel projet.
Fouad Souak
Mais tu sais, c'est aussi ces personnalités qui sont engagées dans la vie publique, je pense, notamment aux responsables politiques à très haut niveau, qui font un petit peu aussi une croix, pas totalement, mais sur leur vie personnelle, parce que l'intérêt général, ou bien ça, que c'est très prenant, que il est chef d'entreprise aussi à très haut niveau. Il y a forcément un classique curseur « au bon endroit » et malheureusement, ça n'est pas au bon endroit pour tout le monde. Disons qu'il y a quelqu'un qui est au bon endroit pour toi. Il peut ne pas être au bon endroit pour les bénévoles de l'association. Il peut ne pas être au bon endroit pour tes collègues à l'hôpital. Il peut ne pas être au bon endroit pour tes partenaires, voire pour effectivement ta famille ou tes enfants. Mais le plus important, c'est qu'il l'est pour les petits doudous et que ça permette aux petits doudous d'avancer. Au final, c'est quoi les indicateurs que tu retiens pour te dire que le projet Voile des petits doudous, c'est un projet, un « bon projet », entre guillemets, un retour sur investissement »
Nolwenn Febvre
Oui. C'est déjà d'avoir des bilans d'achat d'Espace Média, si on avait fallu. Ça, c'est des bons chiffres, même s'il faut les analyser d'une bonne manière. Mais en tout cas, c'est 5 million d'euros de retombées média si on avait dû avoir toute cette médiatisation. Ça, c'est déjà énorme et qu'on n'a pas les moyens, les petits doudous, d'avoir ça. C'est de regarder, de demander à David qui est le dire- comme des doudous - même si mon collègue à l'hôpital aussi - de lui dire « Regarde sur les pages Facebook des asso s'ils ont tous partagé quelque chose de ce projet voile. » Et si ça embarque tout le monde. » Et là, il se trouve que tout le monde a partagé beaucoup de choses de ce projet Voile. Ça leur parle aussi que moi, une asso à côté de Lyon m'appelle et me dit « Je viens de voir le logo de mon association à la télé. » Ça, ça me va bien aussi. Et puis, tous les soignants qui sont venus et qui travaillent. Et après, c'est aussi dès que la route du Rhum commence, on fait fois 10 en vendant sur notre site internet. C'est aussi ça. C'est de gagner des points, d'être connu du grand public et de se dire « C'est un bon vecteur de communication. Ça aurait pu être le vélo ou la course automobile. Le fait est que l'histoire fait qu'à ma mandine, elle m'a demandé de venir rencontrer un skipper et qu'on s'est dit que c'était un bon moyen de communication, qu'on l'a construit petit à petit d'un Class 40, d'un Multi 50, d'un IMOCA pour le Vendée Globe 2020, puis un Ocean 50 maintenant et qu'on travaille sur un projet pour le Vendée Globe encore plus dingue. Mais voilà. Pourquoi pas ?
FS
Il y a quoi de plus dingue que ce que tu viens de faire ? Je vois pas.
Nolwenn Febvre
Quand même, là, d'imaginer de construire un bateau le plus éco conçu possible qui ferait le Vendée Globe aux couleurs de l'association, c'est quand même un peu dingue quand même. C'est fou.
FS
Vas-y, dis- moi un peu plus là-dessus.
Nolwenn Febvre
C’est un projet
Fouad Souak
Là, vous repartez... Prochaine édition du Vendée Globe
Nolwenn Febvre
Prochaine édition du 24-25
Fouad Souak
Oui, 2024-2025.
Nolwenn Febvre
Tout à fait.
Fouad Souak
Nouveaux bateaux ?
Nolwenn Febvre
Nouveaux bateaux.
Fouad Souak
Nouveaux LEMOCA ? Que vous allez construire ? Financer ? Eco conçu ?
Nolwenn Febvre
Oui. Oui, pourquoi pas. Si on essaye pas. Mais c'est un enjeu de dingue.
Fouad Souak
Ça reste pas que la mission des petits doudous, justement, dans le recyclage, le recycling. C'est ça.
Nolwenn Febvre
Et c'est même, au-delà du Vendée Globe, c'est d'avoir une preuve de concept d'un bateau différent. C'est qu' on est dans ce vecteur de communication de la voile qui est l'océan, la planète. La conception des bateaux n'est pas si vertueuse que ça. C'est du carbone, de la résine, des matériaux qui sont compliqués. Et Armelle travaillait depuis un petit moment avec le techno centre d'Airbus à Nantes, qui enfouit du carbone qui est périmé pour l'aéronautique, parce qu'il est pré imprimé de résine et donc il est gardé dans des congélateurs. Et la date de péremption fait qu'ils ne prennent pas de risque pour l'aéronautique. On est rassuré quand on est dans un avion. Mais ils l'enfouissent et donc ça, c'est un mauvais bilan carbone. Et donc Armelle a commencé à travailler avec le techno centre d'Airbus, à tester de cuire ce carbone pour pouvoir en construire des bateaux.
Fouad Souak
D'accord. C'est vrai que sur les IMOCAS, on a besoin de pas mal de carbone.
Nolwenn Febvre
Toute la coque du bateau et tout le pont sont en carbone, y compris les foils aussi.
Fouad Souak
Foil, coque, pont ?
Nolwenn Febvre
Pont. Tout est en carbone. Le mât aussi. Et donc, d'imaginer, ça, c'était le premier point, d'imaginer qu'on pouvait construire un I mocha en carbone Ryuse. Donc là, au lieu de l'enfouir, de l'utiliser pour la course au large. Ça, ça a été le premier sujet. Et comme nous, dans les petits doutes, on est assez spécialistes des métaux dans nos recyclages, je lui ai posé la question de savoir si... Quels métaux avait-il avait besoin en plus du carbone ? Et donc il m'a dit du titane. Tout l'accastillage des bateaux de course est fait en titane. Et moi, j'ai dit, nous, on a aussi de l'inox, de l'aluminium et du cuivre dans les petits doudous, mais le titane, j'ai pas vraiment creusé le sujet. Et donc je commence à regarder. Il se trouve qu'on en a au bloc
Fouad Souak
Oui, parce que ce n'est pas tous les ferrailleurs qui vont recycler du titane
Nolwenn Febvre
Et c'est très compliqué de recycler du titane. À vrai dire, à ce moment- là, je ne sais même pas si ça se recycle.
Fouad Souak
Et vous enaviez à l’hôpital ?
Nolwenn Febvre
On en avait à l'hôpital.
Fouad Souak
Et ça, tu le savais ou pas ?
Nolwenn Febvre
Non, je le savais pas. Je le savais, mais je sais pas pourquoi je m'étais pas penchée sur la question d'essayer de le récupérer et de le valoriser dans nos métaux. Ça devait arriver en plus de temps en temps qu'on avait des clous, un clou de fracture de bras, une prothèse de hanche, des tiges qu'on met dans le dos pour régler les scolioses.
Fouad Souak
Tu me rassures, tu vas pas les récupérer directement chez tles patients ?
Nolwenn Febvre
Non, quand même, on leur laisse s'ils en ont besoin. Mais voilà, si une tige nécessaire pour une scoliose est trop longue et qu'on coupe un bout et qu'on jette ce bout-là, finalement, peut- être qu'on peut le récupérer.
Fouad Souak
Ok, c'est comme ça.
Nolwenn Febvre
J'ai commencé à trouver les premiers bouts de titanes et en demandant à mes collègues, hypo de réseau de bloc, quelle était la composition de ce titane.
Fouad Souak
Les IBOD , c'est quoi ? Juste pour le préciser
Nolwenn Febvre
Infirmière de bloc opératoire.
Fouad Souak
C'est le pendant du chir.
Nolwenn Febvre
Voilà, c'est ça. Infirmier anesthésique hyade, infirmier anesthésique diplômé d'État. Nous, on travaille comme moi, je suis IAD, on travaille avec les anesthésistes et les IBOD, elles travaillent avec les chirurgiens.
On travaille tous ensemble, mais c'est l'équipe. C'est Chantal, une hybride, qui me dit « Ça, c'est des tiges de Titane et si j'arrive à trouver l'alliage, c'est du TA6V que j'ai un petit peu progressé dans les métaux encore.
Fouad Souak
Tu vas le finir avec une bijouterie.
Nolwenn Febvre
En vrai. Oui, c'est ça, peut- être. En parallèle, Armelle s'est renseignée aussi sur l'alliage nécessaire pour l'accastillage de bateaux et on a croisé nos données. Et en fait, il me dit t'as l'info ? J'ai dit oui, toi ? Oui. Il me dit « T'as l'info ? » J'ai dit « Oui, toi ? » « Oui. » Il me dit « Moi, c'est du TA6V. J'ai dit « Moi aussi. » On s'est dit « C'est quand même dingue parce qu'il a besoin de TA6V et nous on en jette. Mais de là à faire le lien, comment on transforme nos tiges en poulies ? Et en cherchant sur Internet, je regarde ce qu'on fait du titane en France et je tombe sur EcoTitanium, qui est à côté de Clermont-Ferrands, qui est une centrale financée par l'ADEME et l'État.
Fouad Souak
Google, c'est vraiment ton meilleur ami depuis le début.
Nolwenn Febvre
Ah oui google. Je suis même sur Lilo, d'ailleurs, qui est un moteur de recherche, où on collecte des gouttes pour les petits doudous. On peut même faire de la recherche sur Lilo.
Fouad Souak
Donc utiliser Lilo à la place de Google pour financer les ptits doudous
Nolwenn Febvre
Exactement, on est référencés. Je trouve ÉcoTitanium, central en France, trois dans le monde, financé par l'ADEME et l'État, du groupe Aubert du Val et Ramette. Et en fait, ils savent faire ça. Ils ont la techno et c'est possible de transformer du titane pour le recycler. Et je me dis là, je ne sais pas comment, par la porte, par la fenêtre ou je prends ma voiture et j’y vais, mais je vais réussir à rentrer en contact avec ÉcoTitanium et j'ai réussi-.
Fouad Souak
C'était un peu plus difficile que Moulin Roty ?
Nolwenn Febvre
Ouais, c'était parce que j'ai fait contact là
Fouad Souak
Est ce qu’il y avait une amandine ?
Nolwenn Febvre
Oui, pourtant, c'est Jérôme qui est super avec qui on travaille. Mais voilà, de les contacter. Et puis c'est une très grosse entreprise. C'est un groupe mondial. Mais j'ai quand même réussi à trouver quelqu'un qui travaillait chez Aubert d'Ival qui m'a écoutée. On est allés visiter cette centrale et on a compris que technologiquement parlant, c'était possible de transformer nos titanes médicales en pièces d'accastillage de ce bateau.
Fouad Souak
Avant de nous expliquer ça, ça reste encore des histoires de rencontres et ça reste encore complètement improbable la manière dont t'as réussi à rentrer en contact avec eux.
Nolwenn Febvre
C'est complètement improbable. Et le nombre de fois où je me suis dit « On en fera un film, ce ne serait pas crédible. » Là, clairement, sur le recyclage du titane, ce n'est pas du tout crédible. C'est l'idée de se dire « On a des tiges, on va en faire des poulies » et de trouver en France, à côté de chez nous, parce que là, aujourd'hui, ce qu'on va faire avec ce bateau qui aura un accastillage en titane recyclé, c'est que c'est du made in France quand même. C'est chez nous. C'est chez nous qu'on a, avec un titane qui a un bilan carbone catastrophique et qu'on arrête d'extraire de notre planète des ressources qu'on jette à la poubelle. C'est vraiment la preuve de concept. Et ce bateau et Armelle Tripon pour discuter du Vendée Globe, c'est un marin, évidemment, qui a envie de le faire, ce Vendée Globe. J'avais besoin d'entendre ça. Il m'a dit, mais le cœur du sujet, ce n'est pas le Vendée Globe. Évidemment, c'est une très belle course et moi, en tant que présidente d'asso, j'ai envie qu'on soit sur cette course parce que c'est un relais médiatique dont on a besoin. Mais il faut aller au- delà de ça, c'est de la preuve de concept qu'on veut démontrer qu'aujourd'hui, on est, même dans cette course au large qui a un bon relais médiatique, on peut la faire autrement avec des valeurs qui sont vraiment les valeurs des petits doudous. FS
Oui, très important, mais Vendée Globe, ça reste une course. Le but du jeu dans une course. C'est de gagner.
Fouad Souak
C'est de gagner. Est-ce qu'aujourd'hui, d'abord, est-ce qu'il y a des ambitions sportives ? D'abord, première question. Et dans quelle mesure le concept de performance durable est réel ou atteignable ? Dans quelle mesure avec du carbone recyclé, avec du titane recyclé, on peut avoir un bateau performant, suffisamment performant pour, comment dirais-je, résister aux affres des océans du Cap Horn, de ne pas casser, d'avoir un vrai bateau solide de qualité qui ne va pas couler au fond de l'océan et qui, en plus, doit arriver en tête, doit tenter au moins de faire un podium, je ne sais pas. C'est quoi ?
NF
C'est les petits doudous. On ne transige pas sur les valeurs éco-responsables, c'est- à- dire qu'on recycle tout ce qu'on peut recycler. Donc ça, on est bon. Si on coche la case sur un bateau en carbone Ryuse qu'Airbus ne va pas enfouir, ils vont aussi faire des économies. Moi, ça, ça me va bien. Du titane recyclé, démontrer que cette filière titan aujourd'hui en France est possible. C'est un enjeu avec tous les maillons de la chaîne qu'on a aujourd'hui avec nous. La performance, c'est l'anesthésie. Aujourd'hui, nous, au Bloc, personne ne transige avec ça. Et donc la performance, elle doit être là. Et de montrer que ces valeurs éco responsables sont aussi des valeurs de performance. Et ça, c'est important. Et même si c'est un projet associatif et que ce bateau va s'appeler Les Petits Doudous et va porter l'association, nous, ce qu'on visite, c'est pas... C'est de l'excellence, exactement. Et donc oui, un podium avec un bateau qui va être très performant, c'est sûr. Aussi performant que tous les meilleurs bateaux de course. On ne fait pas de compromis. Pas de compromis.
Fouad Souak
C'est génial. Et les partenaires vous accompagnent. Déjà, dans les processus de transformation.
Nolwenn Febvre
Oui, voilà. Éco- titanium. Éco- titanium, là, ils nous donne déjà... On sait qu'on a déjà tout le carbone nécessaire, tout le titane nécessaire à la construction d'au moins un bateau. On a déjà toutes les quantités.
Fouad Souak
Pourquoi « au moins un bateau » ?
Nolwenn Febvre
Parce qu'on a déjà récupéré plus de titanes que nécessaire pour un seul. On rêve à une ligne d'accastillage petit doudou en titane recyclée et que peut- être qu'il y a un jour, tous les bateaux de course auront ce titane recyclé sur leur bateau. Ça serait vraiment chouette
Fouad Souak
Ça serait génial. Parce qu'au final, tous les Imocas seraient un petit peu des petits doudous.
Nolwenn Febvre
Oui, ça serait bien. Qu'on a réussi le concept du carbone reused. Et puis, utilisons les matières qu'on a sur la planète pour construire de manière plus vertueuse. Ça serait quand même le plus grand succès qu'on ait réussi à faire avec ce projet Vendée, en portant une cause sociétale et en mettant en avant les petits doudous. Finalement, on a réussi un truc pas mal. Je prendrais un peu de vacances après ça, finalement, aussi.
Fouad Souak
Merci Nolwenn pour ce temps d'échanges, de découvertes, des petits doudous qui nous ont amenés à assez loin en réalité.
Nolwenn Febvre
On a quasi fait un Tour du monde, j'ai l'impression.
Fouad Souak
Je crois que j'ai quasi... Ouais, on a quasi réussi à faire ce Tour du monde. Je pense qu'on aurait pu continuer encore beaucoup plus loin. C'est vraiment passionnant. Moi, ce que je retiens, je n'ai pas entendu chez toi, en réalité, beaucoup de l'expression de beaucoup de peur. Tu ne te dis pas « Non, encore une fois, je ne vais pas y aller parce que je vais échouer. » Et chaque petit pas, chaque petite chose que tu as mise en place pour les petits doudous, d'abord pour les enfants, mais pas pour les petits doudous, parce que les petits doudous n'existaient pas, ça a été un pas supplémentaire vers ce que l'on connaît aujourd'hui. Donc une association nationale qui est organisée, qui est accompagnée, qui propose aussi de faire rêver cette fois- ci les enfants. Tu les aides à dormir et devant leur télé...
Nolwenn Febvre
Qu'ils fassent de beaux rêves. Et les soignants aussi.
Fouad Souak
Et les soignants aussi. J'ai quand même une dernière question. Le développement des petits doudous n'est probablement pas fini. Il y a cette étape hyper importante du Vendée Globe 2024-2025 avec la construction, l'éco- construction de cette IMOCA, avec cette recherche de performance, avec la volonté d'exposer encore plus largement les petits doudous pour essayer d'embrasser la cause et de faire en sorte que davantage de personnes embrassent cette cause et vous soutiennent. Mais comment tu vois les petits doudous dans dix ans ? C'est quoi la prochaine étape ou les prochaines étapes ? Qu'est- ce qu'il y aura de plus gros qu'un Vendée Globe, alors même qu'il y a des personnes dont le seul objectif ou l'un des principaux objectifs de leur vie, c'est de faire un Tour du monde et un Vendée Globe ?
Nolwenn Febvre
À Saint-Malo, on m'a posé la question « Imoca ou ultime ? » J'ai dit les deux. Peut-être qu'après, on continuera, je ne sais pas. Il y en a qui disent « no limit ». Moi, je suis très inspirée par Nelson Mandela et on m'a collé ça au- dessus de mon bureau qui est une citation de Nelson Mandela et qui est un exemple de résilience assez dingue. « Cela semble impossible jusqu'à ce qu'on le fasse. » Ça, c'est quelque chose que j'aime bien. Nouveau récit. Et là aussi, une autre vision qui me parle, c'est que quand on a aggravé une colline, on sait qu'il y en a d'autres derrière et que la vie, c'est ça aussi. On ne va pas s' arrêter. Moi, j'ai vraiment ce sentiment que le champ des collines, il est loin. Je ne sais pas où ça va me mener. Une chose est sûre et c'est quelque chose qui se trotte dans ma tête, c'est que personne n'est indispensable et qu'il faut que les petits doudous naviguent sans moi. Il y a plein d'endroits où les asso naviguent sans moi et où ils le créent. J'ai la chance de, aussi par le projet Voile et de rencontrer des partenaires et d'aller à la rencontre des asso et ça m'a poussée à faire ça et de rencontrer des gens aussi formidables partout et où ils font des assos sans moi, même si l'idée est là. Donc je me dis ça continuera de toute façon et ça ira là où ça doit aller. Et moi, j'essaie juste de faire mon job et d'avoir cette vision, de prendre les bonnes décisions et de naviguer autour du monde, sans doute, mais de faire que ça aille mieux pour les soignants, pour les enfants et pour tout le monde et aussi pour la planète au passage. Donc de faire sa part. C'est juste ça.
Fouad Souak
Bravo et merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'espère que ce moment passé ensemble vous a été utile. Et si c'est le cas, n'hésitez pas à partager cet épisode autour de vous. Vous savez à quel point la recommandation est puissante. Alors, choisissez une, deux ou trois personnes de votre entourage et montrez- leur la voix. Ce qui marche bien aussi, c'est de nous suivre. Donc, sur votre plateforme d'écoute préférée, c'est de laisser un commentaire et c'est de mettre cinq étoiles si l'épisode vous a plu. Et si vous avez des idées ou des remarques à nous adresser ou si seulement vous avez envie de nous envoyer un petit mot doux, faites- le à l'adresse suivante. Bonjour, @parole. Publique. Fr. Vous pouvez également vous inscrire à notre newsletter sur notre site internet, www.parole-public. Fr. Tous les mois, vous y retrouverez du contenu inspirant et le lien vers le nouvel épisode du podcast. Je suis Fouad Souak et je vous dis à bientôt. Parole publique.