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L’art des récits
30 octobre 2024 - Édition 13
Orature, l'art de raconter de (vraies) histoires
Depuis la nuit des temps, les femmes et les hommes racontent des histoires pour comprendre le monde, s’apprivoiser lui-même et se relier aux autres. Dans chaque culture, les récits – qu’ils soient contes, mythes ou simples témoignages – ont offert un miroir à nos expériences et une voie vers l’introspection. Aujourd’hui, ce besoin est plus que jamais ancré dans notre quotidien ; dans une société souvent individualisée, les histoires viennent tisser un tissu social invisible mais puissant.
Orature existe pour comprendre ce phénomène et saisir combien raconter – et écouter – les récits des autres nous transforme en profondeur.
Un miroir de nos émotions
Les histoires que l’on écoute et celles que l’on raconte ouvrent des portes intérieures qu’il nous est parfois difficile d’ouvrir seul. Elles servent d’exutoire, de catharsis, comme l’explique Aristote dans sa Poétique : « La tragédie est une imitation d'une action noble, accomplie par des personnages d'une certaine élévation, qui parvient, à travers la pitié et la crainte, à effectuer la purification des passions. »
Cette notion de purification est aujourd’hui présente dans les espaces de parole, qu’il s’agisse de thérapies de groupe, de journaux personnels ou des initiatives comme Orature où des anonymes viendront partager des pans intimes de leur vie. En exprimant leurs vulnérabilités, les porteurs d'histoires offrent aux auditeurs une opportunité de purification émotionnelle, un espace sûr où la parole des autres résonne avec nos propres fragilités et où chacun peut se reconnaître.
L’empathie en action
Raconter une histoire, c’est créer un pont vers autrui. Les neurosciences ont d’ailleurs démontré que lorsqu’une personne raconte une expérience personnelle, le cerveau de celui qui écoute tend à « synchroniser » ses émotions avec celles du narrateur, dans un processus appelé « contagion émotionnelle ».
Selon une étude menée par Uri Hasson de Princeton University, lors d’une conversation intime, les zones cérébrales de l’auditeur et du narrateur se synchronisent au point de refléter une véritable empathie partagée. Ainsi, chaque histoire devient un passage où les émotions circulent librement, unissant les individus dans une expérience collective.
En écoutant les récits des autres, nous tissons des fils invisibles avec leurs parcours, partageons un même espace émotionnel et, parfois, nous découvrons des facettes de nous-mêmes.
Les récits personnels : sources de résilience
Lorsqu’on partage ses propres épreuves, on transforme la souffrance en un récit porteur de sens et de force. C’est ce que Viktor Frankl, psychiatre et survivant de l’Holocauste, décrit dans Man’s Search for Meaning en expliquant comment, même dans les conditions les plus terribles, l’homme peut trouver un sens à ses souffrances par le récit.
En se racontant, nous donnons un ordre à ce qui nous échappe. Ce processus de mise en mots est une manière de reconstruire notre monde intérieur et de reprendre un pouvoir sur nos histoires. Pour celles et ceux qui écoutent, ces récits sont autant de preuves que chacun peut puiser une forme de résilience en soi, les récits venant nourrir une « force partagée » au cœur de la communauté.
La scène comme espace de guérison
Prendre la parole sur une scène ou dans un cercle de parole peut constituer un acte libérateur pour celui qui s’y prête. Il s’agit non seulement de revivre une histoire mais de la « rejouer » dans un cadre où elle peut être accueillie, comprise et même célébrée.
Comme l’a théorisé le psychanalyste Donald Winnicott, le fait de se livrer dans un espace sécurisé permet de restaurer un équilibre personnel. Ce « parler en public » est un processus intime où, au-delà de la simple performance, il s’agit de se réapproprier ses vécus, de les regarder en face, et de leur donner une valeur.
Pour l’audience, cette vulnérabilité assumée est aussi une invitation à l’introspection, un appel silencieux à comprendre et accepter ce qui, en chacun, nous semble parfois indicible.
Les récits personnels nous montrent que nos vies, bien qu’individuelles, sont profondément liées par une trame commune d’expériences humaines. Ils agissent comme un remède silencieux, qui nous aide à surmonter nos blessures et à embrasser nos défis.
En partageant ces récits, chacun devient tour à tour narrateur et spectateur de cette humanité en perpétuelle évolution.
Se réunir pour écouter et partager ces histoires, c’est créer une communauté qui se soigne par les mots, où la force du collectif se met au service de la guérison individuelle.
Voilà l'esprit d'Orature, un chaque voix a le pouvoir de résonner, de guérir, et de transformer le monde autour d’elle – une histoire à la fois.
Podcast
Nouveaux récits avec Santiago Lefebvre, co-fondateur de ChangeNOW
Dans cet épisode de Nouveaux Récits, Fouad Souak reçoit Santiago Lefebvre, co-fondateur de ChangeNow, pour une conversation sur son parcours et la création de l’un des plus grands événements mondiaux dédiés à l’impact social et environnemental.
Santiago partage son histoire personnelle, expliquant comment son enfance modeste a nourri son ambition d’apporter des solutions positives au monde.
Il explique que ChangeNow est bien plus qu’un événement : c’est une plateforme globale qui rassemble des startups innovantes, des investisseurs, des décideurs politiques et des citoyens désireux de s'engager. L’objectif est de mettre en avant des solutions qui répondent aux défis environnementaux tout en étant économiquement durables.
Santiago insiste sur le rôle clé des entreprises dans le changement sociétal, il rappelle que chacun peut agir et contribuer à construire un monde plus durable et plus juste.
Nouveaux Récits sur Apple Podcasts
Le verbe
Porter une histoire
"Il n’existe pas de plus grande agonie que de porter en soi une histoire non racontée."
–
Maya Angelou (1928-2014), romancière, poète et militante afro-américaine
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